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Page:Mémoires inédits de l'abbé Morellet tome 2 1882.djvu/59

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la leur faisant accepter, les lier par des décrets improvisés au moment où elles exerçaient cette même souveraineté qu’on reconnaissait en elles, c’était ce qu’on ne pouvait proposer qu’en affichant pour elles le plus profond mépris. L’artifice pouvait tromper les assemblées primaires des campagnes. Les assemblées des villes, connaissant mieux l’état de la question, devaient être dupes plus difficilement ; mais l’influence et l’activité des jacobins favorisaient efficacement en beaucoup d’endroits les projets de la Convention.

La capitale seule pouvait combattre avec quelque espoir de succès pour le renouvellement entier de l’assemblée, aux termes de la constitution. Les journalistes anti-jacobins ne s’y épargnèrent pas, et on s’éleva dans beaucoup d’écrits politiques contre les décrets du 5 et du 13 fructidor, comme destructifs de la constitution ; et, en consentant même à ne pas les qualifier ainsi, l’opinion générale s’établit qu’au moins fallait-il, pour qu’ils eussent leur exécution, qu’ils fussent adoptés par la majorité des assemblées primaires. C’était l’unique moyen de leur donner une sanction qu’ils ne pouvaient emprunter de l’assemblée actuelle, qui, après la constitution faite et jurée, ne pouvait, de son autorité, en altérer une disposition aussi importante que celle qui déterminait la composition de l’assemblée des représentans du peuple.

C’est dans ces dispositions que se formèrent les assemblées primaires des quarante-huit sections de