Aller au contenu

Page:Mémoires inédits de l'abbé Morellet tome 2 1882.djvu/89

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHAPITRE XXIX.


Projet de rétablir l’Académie française. Lettre de Lucien Bonaparte, ministre de l’intérieur.

Lucien Bonaparte, ministre de l’intérieur, songea au rétablissement de l’Académie française, en 1800, dans le cours du mois qu’on appelait alors prairial. Il nous fit pressentir, Suard et moi, par Duquesnoy, un de ses rapporteurs, avec qui j’avais eu déjà quelques relations dans lesquelles il s’était montré pour moi très-obligeant. Le rétablissement de l’Académie ne pouvait que m’être très-avantageux, ainsi qu’à ceux de nos confrères restés en France, ou qui pourraient y rentrer. On nous promettait merveilles : une indemnité, en forme de pension, pour les pertes que nous avait causées la suppression de l’Académie ; et pour assurer et accélérer les travaux, un traitement particulier à trois d’entre nous qui seraient occupés de la rédaction du Dictionnaire et de la Grammaire. Il y avait aussi une place de secrétaire perpétuel à l’instar de l’ancienne, et qui ne pouvait guère être donnée qu’à Suard ou qu’à moi.

Il ne nous convenait pas d’opposer de résistance aux bonnes intentions du ministre, mais