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Page:Mémoires inédits de l'abbé Morellet tome 2 1882.djvu/90

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nous ne pouvions nous empêcher de voir et de faire remarquer aux auteurs du projet les obstacles qui allaient le traverser.

Les principaux étaient l’opposition qu’y mettrait l’Institut, et l’attachement que le premier consul laissait voir pour cet établissement. L’Académie avait été supprimée par une loi ; comment la rétablir sans le concours du Corps législatif, qui ne se rassemblait que dans quatre ou cinq mois ? Comment la doter, puisqu’après tout il fallait de l’argent pour exécuter le projet tel qu’il nous était annoncé ? Ne valait-il pas mieux attendre le retour du Corps législatif, ou au moins celui de Bonaparte lui-même, occupé alors en Italie à préparer la victoire de Marengo, etc.

Voilà ce que nous disions, mais sans être assez bien écoutés. Le ministre aplanirait tout ; il était sûr du consentement de son frère, qui se ferait honneur d’être sur la liste ; le troisième consul, Lebrun, lui-même, le ministre de l’intérieur, et celui des relations étrangères, demandaient à être nommés. Ce seraient là des appuis suffisans pour cette nouvelle fondation d’un établissement si célèbre en Europe, Lucien voulait qu’on pût lui dire : Vous avez rétabli l’Académie française, et pouvoir répondre, Oui, j’ai rétabli l’Académie française. Laplace, un des membres les plus distingués de l’Institut, et quelques autres, une fois placés sur la liste de l’Académie, de leur propre consentement, l’opposition de ce grand