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Page:Mémoires inédits de l'abbé Morellet tome 2 1882.djvu/91

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corps perdait toute sa force, et ne pouvait nuire au succès.

Toutes ces assurances paraissant écarter les difficultés, on nous demanda une sorte de projet ou pétition, qui nous donnât l’air d’avoir nous-mêmes sollicité notre rétablissement, dont on a vu que nous ne nous étions pas avisés les premiers ; et nous nous prêtâmes à ce petit mensonge politique, pour ne pas contrarier le ministre.

Je me chargeai de rédiger cette pétition, et la voici :

« Les citoyens soussignés, membres de l’Académie française, dont les assemblées ont été interrompues depuis le mois de septembre 1793, et qui se trouvent à Paris, présentent au citoyen ministre de l’intérieur les observations suivantes, qui ont pour but de remettre en activité un corps littéraire dont l’existence a servi utilement les lettres et contribué à la gloire de la nation.

» Ils pensent que les événemens qui ont dissous l’Académie française comme une corporation ; quoique l’esprit de liberté et d’égalité fût le caractère de cette institution, ne peuvent avoir fait perdre aux individus qui la composaient le droit de se rassembler sous la surveillance des autorités constituées, pour se livrer aux travaux purement littéraires dont s’occupait l’Académie, et qu’une pareille réunion, si elle avait lieu, serait vue de bon œil par le public, et pourrait être encore utile aux lettres et à la conservation des principes