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Page:Mémoires inédits sur la vie et les ouvrages des membres de l’Académie royale de peinture et de sculpture, tome 2, 1854.djvu/125

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Cette même année 1694, il eut l’honneur de peindre Mademoiselle de Montpensier, fille de Gaston de France, duc d’Orléans. Cette grande princesse l’envoya chercher pour faire son portrait, en son palais de plaisance à Choisy, où ce portrait est resté jusqu’à sa mort.

Mais pour marquer à sa mère sa reconnoissance filiale des obligations qu’il lui avoit pour tous les soins qu’elle avoit pris de son éducation, sa piété et sa tendresse pour elle le déterminèrent, à la fin de 1695, de quitter toutes ses occupations pour faire le voyage de Roussillon, et lui rendre chez elle ce qu’il lui devoit. Une de ses principales vues, en faisant le voyage, étoit de la peindre et de remporter avec lui l’image de celle qui lui avoit donné le jour. Son dessein étoit de faire exécuter ce portrait en marbre ; c’est pourquoi il la peignit en trois différentes vues : une en face, l’autre en profil, et la troisième à trois quarts, afin que M. Coyzevox, son ami, un des plus habile sculpteurs de France, qui devoit faire en marbre ce portrait, eût plus de facilité à le perfectionner. Cet ouvrage fait l’ornement le plus précieux du cabinet de ce fils reconnoissant, et doit y rester jusqu’au temps qu’il a destiné de le consacrer à l’Académie royale de peinture ; et ne s’étant pas voulu tenir à cette seule marque d’amour pour elle, il l’a fait graver ensuite par le sieur Drevet, un des plus habiles graveurs au burin de ce temps, afin de multiplier et de reproduire en quelque façon à la postérité celle qui l’a mis au monde.

M. le prince de Conti, ayant été nommé roi de Pologne en 1697, voulut avant que de partir pour ce royaume, se faire peindre par Rigaud. Ce portrait a neuf pieds de haut ; le prince y est peint en pied, la composition en est riche. Madame la princesse de Conti a fait mettre ce tableau dans sa maison de plaisance à Issy, distant d’une demie-lieue de Paris.