pice aux innocentes. La jeune fille perdait,
perdait toujours.
Plus rien. Enfin !
Désespérée, elle allait quitter le tapis, lorsqu’elle avise un futur homme politique qui n’était alors que pamphlétaire et qui regardait les joueurs avec son sourire légèrement ironique.
Courir à lui fut l’affaire d’un instant.
— Ah, Monsieur le Comte (il était comte dans ce temps-là), je n’ai plus d’argent, prêtez-moi cinquante louis, je vous les rendrai à Paris.
Le jeune homme sourit, et, comme le « citoyen » a le cœur qu’on prêtait autrefois aux gentilshommes, il remet gracieusement les mille francs demandés, à la charmante joueuse qui lui jette, pour tout adieu, ces mots :
— À Paris ! à Paris !
L’hiver vint, et un certain matin, notre ami, fumait tranquillement sa cigarette, en brochant un article, quand on vint lui annoncer qu’une dame voilée demandait à lui parler.
— Diable !… dit notre chroniqueur tout étonné ! faites entrer :
La dame lève son voile et montre le visage frais et charmant de mademoiselle Annetta.