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ce bon général qui, apercevant un homme livré sans défense à sa fantaisie cruelle et avide d’outrages, s’arma d’une cravache et s’amusa à chatouiller le nez légendaire du prisonnier.

La colère empourpra un moment les joues de ce dernier, mais le boulevardier reprit vite le dessus.

— Monsieur le marquis, dit-il, je ne sais où je vais en ce moment, au bagne, peut-être au pied de l’arbre voisin, si l’on a décidé qu’une douzaine de balles doivent m’y attendre. Je pense qu’il serait temps de liquider nos comptes. Madame la marquise me doit quelqu’argent que je lui ai prêté à Spa et à Paris, mais comme je n’ai qu’à me louer de ses prévenances pour moi, je vous prie de vouloir bien l’informer que je lui donne quittance de sa dette.

Le général ne se le fit pas dire deux fois et quitta le prisonnier sans songer à lui dire au revoir.

Quel a été le plus heureux des deux ?

C’est ce que madame Cochonnette seule pourrait dire.


Mémoires secrets d’un tailleur pour dames, vignette de fin de chapitre
Mémoires secrets d’un tailleur pour dames, vignette de fin de chapitre