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un de ses tours les plus impitoyables.

Arthur perdait franchement la tête. Anna, moins à court d’expédients, ou,… qui sait peut-être ! d’expérience poussa, en un clin d’œil, amant et autres pièces de conviction sous le lit, prête, en un nombre assez court de minutes, à comparaître devant le juge d’instruction.

Le juge d’instruction entra, — nous voulons dire le protecteur.

La soubrette, qui savait qu’elle pouvait compter sur le génie inventif de sa maîtresse, s’était bornée à retarder l’arrivée de l’ennemi.

Le comte aurait peut-être eu quelque raison de s’écrier en entrant, comme l’ogre du petit Poucet :

— Ça sent la chair fraîche !

Il se contenta d’envelopper très délibérément le beau corps de la trompeuse d’un bras passablement vigoureux, pour des bras d’un galant qui frisait la soixantaine, et peu d’instants après il s’étendait sur la couche où quelques instants plus tôt…

Anna, revenue au sentiment de sa situation, prouva qu’elle était une fille sérieuse et que les sacrifices qu’elle avait faits précédemment au plaisir ne l’empêchaient pas de don-