Page:Mémoires secrets d’un tailleur pour dames, 1880.djvu/165

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 155 —


à redouter. Mais la sécurité excessive, conduit parfois à l’imprudence !

Une belle après-midi qu’on avait folâtré, égréné, avec plus de caprice et d’entrain que jamais, le chapelet de l’amour, Anna B. dit à son amant, en lui abandonnant encore une fois, ses abondantes tresses brunes.

— Oh ! tout cela n’est pas assez ! Une nuit, une nuit entière, chéri, toute une nuit que je passerais enlacée dans tes bras ; voilà ce que je veux…

— Moi aussi je le voudrais, mais songe donc !…

— Tais-toi !…

— Songes donc si nous étions surpris !…

— Alors tu ne m’aimes pas.

Arthur céda… bien entendu.

Une heure du matin avait sonné à toutes les paroisses de la bonne ville de Paris.

Saturés de voluptés, nos amants reposaient quand tout à coup un tintement strident de la sonnette se fit entendre, et vint les arracher à leur sommeil.

— Mon oncle !

— Mon protecteur !

Laissèrent échapper en même temps, avec une égale épouvante les deux pauvrets auxquels la réalité barbare venait jouer