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Pendant que le vicomte se faisait retenir au pesage par quelques amis, à propos d’une discussion sur les mérites respectifs de deux favoris de la journée. Un tout jeune homme à peine échappé du collège depuis quelques semaines, et qui en était encore à s’essayer dans le monde d’extravagances où il venait de pénétrer, grimpa à côté d’Anna sur le breack du vicomte, dit un mot à l’oreille du cocher, puis on vit le léger véhicule sortir des rangs des autres voitures qui s’étaient déjà massées à l’entour de lui, prendre du champ, s’éloigner avec une rapidité croissante et bientôt enfin disparaître.

C’était un enlèvement par mineur.

Le soir, le vicomte retrouva son breack, mais non sa maîtresse qui lui laissait pour tout adieu, ces lignes énigmatiques :

« Je pars pour l’Italie avec un de tes diminutifs… bon pour le vinaigre. Je veux me montrer encore une fois ton amie. Dès que ton oncle sera de retour, va donc lui demander à déjeuner et serrez-vous la main,

Anna B… »

Mémoires secrets d’un tailleur pour dames, vignette de fin de chapitre
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