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— Que faites-vous, Monsieur !

— Vous le voyez, je me chauffe.

Tiens, vous avez des cigarettes ; passez m’en une ?

— Allons, se dit l’étudiant, ce ne sera pas aussi difficile que je le craignais.

Pendant ce temps, Marie, en digne fille d’Eve, jetait un regard curieux autour d’elle.

Le petit salon, ou plutôt, le cabinet d’Emmanuel Loudan, car il servait à ces deux usages, était ce que sont en général les logements d’étudiants aisés. — Deux petites pièces au 5Me étage. Ce qui le rendait charmant, c’est que les fenêtres s’ouvraient sur un grand balcon d’où l’on planait sur le jardin du Luxembourg, dont les feuilles jaunissantes faisaient en tombant comme un tapis doré qui entourait les arbres effeuillés. Dans un coin, une bibliothèque remplie de livres de droit, de science, puis les œuvres de Victor Hugo, de Musset, de Balzac, auteurs préférés d’Emmanuel. Un bureau encombré de papiers devant la fenêtre, en face un de ces canapés (où on est si bien à deux), quelques fauteuils, des chaises, et au milieu un guéridon qui servait parfois de table à manger, complétaient l’ameublement modeste du jeune homme.