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— C’est que je suis bien malheureuse, mon pauvre Burt.

— Eh bien ! chère Madame, à tout malheur il y a remède.

— Pas à celui-là, certes.

— Ah ! ma chère cliente, si je pouvais vous être utile à quelque chose, disposez de moi.

— Vrai ! et la figure de la jeune femme s’éclaira comme si une idée souriante venait de luire.

— Venez demain matin me voir, Burt, et je vous conterai tout ; alors vous verrez si vous pouvez m’être utile.

— À demain alors, madame.

— À demain.

Le jour suivant je me rendis chez Madame de Zayska et voici ce qu’elle me raconta :

« Vous le savez, mon cher couturier, je fus mariée fort jeune à M. de Zayska, qui était beaucoup plus âgé que moi ; mes parents, comme cela se fait ordinairement, ne se préoccupèrent ni de la différence d’âge ni de la différence de goût. M. de Zayska était un homme honorable, il jouissait d’une belle fortune, là dans le monde est le bonheur, donc on me maria.

» Quoique M. de Zayska n’eut pas les mêmes goûts que moi, il fut le meilleur des époux