Page:Mémoires secrets d’un tailleur pour dames, 1880.djvu/68

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 58 —


passion que je croyais sincère et aussi un peu par les sens qu’excitaient ce jeune amour, un jour, je ne sais encore comment cela se fit, je cédai. Je devins la maîtresse du comte.

» Le mariage entre nous, fut décidé, mais nous convînmes de tenir ce projet secret, Raphaël voulant être nommé à une ambassade avant de présenter sa femme.

» J’étais endormie dans cet amour, j’étais folle de joie et de bonheur, enfin, je vivais, lorsqu’il y a trois jours, ah ! soirée maudite, on annonce à neuf heures du soir, chez moi, le comte Raphaël.

» Je ne l’attendais qu’à onze heures, lorsque mes domestiques se seraient retirés, un pressentiment douloureux me serra le cœur ; je courus au devant de lui, je le vis calme et froid, sa figure avait une expression que je ne lui avais jamais vue.

— Qu’as-tu, lui dis-je à demi voix ?

— Passons chez vous, Madame, nous avons à causer ; et le voilà me conduisant dans mon boudoir avec un calme glacial.

— Ma chère, me dit-il, quand je me fus assise, je ne sais comment commencer ce que j’ai à vous dire, mais, comme vous êtes femme d’esprit, vous me comprendrez à demi mot, et ferez la moitié du chemin.