Page:Mémoires secrets d’un tailleur pour dames, 1880.djvu/70

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 60 —


se fait que j’épouse dans huit jours la fille de l’ambassadeur.

» Que répondre ? Je tremblais comme une feuille et je ne trouvai que ces mots : Est-ce vrai ? Est-ce vrai ?

— Mais oui, c’est vrai, vous devez comprendre Marguerite, combien ce sacrifice m’est pénible ; mais mon avenir en dépend.

» À ce moment une réaction s’empara de moi et me levant.

— Il sera fait ainsi que vous le désirez. Adieu, Monsieur, et je lui indiquai la porte.

» À chaque instant, je croyais qu’il allait se retourner, courir à moi, m’enlacer de ses bras, et me demander pardon, en me jurant, qu’il renonçait à tout plutôt qu’à moi ; il n’en fut rien… Il partit…

» Le lendemain, quoique brisée, je réfléchis qu’il avait un médaillon renfermant mon portrait et, ne voulant pas que sa femme put un jour le trouver et sourire en me regardant, je lui écrivis pour le réclamer ; voici sa réponse :

» Quand on a eu une aussi jolie maîtresse, il est assez dur de s’en séparer pour qu’au moins on garde son image, j’ai le médaillon, je le garde. »

» Comprenez-vous le lâche ? »