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Pas trop pour ce qu’elle en faisait, vous allez voir, c’était une femme pratique.

Le mari, bon provincial, gros, gras, et bête, était le petit chien de madame, il faisait ses commissions, portait son ombrelle, son livre de messe, et s’en allait toujours à propos.

L’amant en titre, Don José Cornacos, était un espagnol brésilien âgé de quarante et quelques années, qui avait fait sa fortune dans les sucres et les cacaos. Très infatué de sa personne, très grand, très brun, très fort en couleur, avec un accent très prononcé ; n’admettant pas que personne répliquât quand il parlait, il ne pliait que devant la baronne dont il était fou et dont il payait le luxe, les chevaux, la toilette ; enfin il entretenait jusqu’au mari, car il faut bien le dire, la chère dame n’avait qu’une très petite fortune, sept à huit mille francs de rentes, je crois, et une modeste terre en Bretagne.

Le deuxième heureux, était un beau graveur.

Les mauvaises langues du quartier disaient avoir vu, lorsque les grandes chaleurs étaient accablantes, le beau Georges étendu dans sa chambre, nu comme Hassan, et près de lui une femme en blanc, le lorgnon à la main,