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Un jour Sosthènes, arrivant chez elle, la trouva comme d’habitude penchée sur le métier où elle brodait une étole pour son curé, mais ses yeux étaient rouges et elle les tenait constamment baissés.

— Qu’avez-vous ? lui dit-il.

— Rien, mais il faut que je vous parle, j’irai ce soir chez vous, attendez-moi.

Le soir venu, Sosthènes, que les mots et surtout les yeux rougis de sa bien aimée avaient effrayé, attendait impatiemment que la pendule sonnât huit heures, l’heure du rendez-vous.

Enfin la baronne arriva, tout de noir habillée, et se jetant dans les bras du bénet :

— Mon chéri, nous sommes perdus. Mon mari sait tout !

— Ton… ton ma… ma… ri ?

— Oui, mon ami, mon mari ! qui a pu nous trahir ?… Je l’ignore ? mais je prévois les plus grands malheurs, il nous tuera…

— Oh mon Dieu ! que faire ?

— Écoute, j’ai trouvé un moyen, mais d’abord, m’aimes-tu, mon Sosthènes ?

— Si je t’aime ? mais plus que tout au monde !

— Es-tu capable d’un grand sacrifice pour me sauver ?