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— Parle, parle, ma bien-aimée !

— Eh bien, il faut épouser ma fille Isaure.

— Impossible !… répond Sosthènes éperdu.

— Mais si, car c’est le seul moyen de détourner la colère de mon mari ; d’ailleurs, tu m’aimeras toujours, toujours, n’est-ce pas ?

Et elle se roulait dans ses bras avec des mouvements de chatte amoureuse. Comment résister à ces beaux yeux en pleurs, à ces formes voluptueuses ?

Ils passèrent deux heures à se consoler, sur l’autel des amours, et le lendemain Sosthènes, aussi tout de noir habillé, comme pour un enterrement, alla demander la main d’Isaure, qu’il épousa. Puis il repartit pour sa province avec sa jeune femme en bénissant sa belle-mère dont il mêla toujours le nom à ses prières.

Et de deux !

Restait la troisième, mais celle-là, Marguerite, était bien jeune, on avait le temps d’y penser ; d’ailleurs, elle avait un petit caractère entier, qui ne serait pas commode ; elle voudrait se marier à son goût, elle n’aurait certes pas accepté le botaniste ou le disciple de Saint-Augustin.

— Mais bah ! elle n’a que seize ans, jusqu’à 18 ou 19 nous avons le temps d’y penser.