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Page:Ménard - Éros, 1872.djvu/14

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ÉROS.

1. Museo Borbonico, XIV, n° 34.

i. Pausanias, VI, n" 23.

3. Wieseler, Il, pi. eu, n" 667.

4. Guigniaut, pi. cm, n" S04.

5. Wieseler, II, pi. m, n" 660.

6. Bouillon, III, bat-reliefs, pi. xm. Pistolesi, IV, pi. xi.ni, et VI, pi. xii et xnr.

créatrice des mondes, suppose un but à atteindre, et on ne voyait là qu’une expression poétique de la théorie des causes finales. L’esprit grec, à la fois mythologique et spéculatif, analysait curieusement l’idée abstraite du Désir, et les produits de cette analyse prenaient spontané- ment des formes plastiques. Tantôt Éros se dédoublait et devenait Anté- ros, le désir réciproque, le vengeur des amours méconnus. Tantôt à côté d’Éros se groupaient Himéros et Pothos, celui qui inspire le désir et celui qui l’éprouve.

On croit avoir retrouvé des représentations d’Éros et d’Antéros dans quelques monuments peu importants au point de vue de l’art, notam- ment dans un petit bas-relief votif 1 où on les voit sous la forme de deux enfants ailés se disputant une palme, sujet que Pausanias vit représenté en broderie sur une ceinture à l’usage des athlètes, dans le gymnase d’tëlis 2. Nous avons parlé plus haut des statues de Scopas représentant Éros, Himéros et Pothos. Les noms de Pothos et d’Himéros sont quel- quefois inscrits sur les vases peints, au-dessus de figures ailées identiques à celles d’Éros. On croit reconnaître la réunion de ces trois Démons dans une peinture de vase • représentant trois jeunes gens ailés dont le pre- mier tient une bandelette, le second une branche d’arbre et le troisième un lièvre. On a même voulu les retrouver dans la célèbre peinture d’Her- culanum intitulée la Marchande d’amours", parce que les enfants ailés qui figurent dans cette charmante composition sont au nombre de trois; mais il y en a cinq dans une autre peinture3 représentant un sujet ana- logue.

11 n’y a pas lieu de chercher à préciser le sens de toutes ces person- nifications du désir que les artistes multipliaient à volonté pour l’agré- ment de leurs compositions. Toutefois, quand on voit figurer si souvent sur les sarcophages0 des troupes d’enfants ailés se disputant la victoire dans des luttes gymniques ou dans des courses de chars, on peut sup- poser l’intention de représenter la vie comme un combat perpétuel des désirs de l’âme qui aspire vers un bonheur inconnu. De même dans les scènes encore plus nombreuses où Éros figure au milieu du thiase de Dionysos, couronné de lierre ou de pampres, travaillant à la vendange, montant sur des léopards ou domptant des Centaures, comme dans la