Page:Ménard - Éros, 1872.djvu/13

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée



ÉROS.

1. Wieseler, II, pl. xr,, n° 474, pi. xtni, n" 547, pi. lvi, n"’ 713 et 724. 2. Pistolesi, II Valicano, IV, pi. XXXIY, xli, xlvi. Bouillon, I[[, bas-reliefs. pl. xiv. 3. Wieseler, II, pi. ti, n" G28. Musco caipitolino, tav. 185.

4. Uuuilloiif III, statues, pi. ix.

toujours facile de déterminer la signification Tantôt il repousse les attaques d’un Pan, tantôt celles d’un Satyre c’est peut-être la victoire de l’amour conjugal sur les passions adultères. Une pierre gravée le représente écoutant dans une attitude tranquille des enfants ailés qui jouent de la lyre et du chalumeau c’est peut-être une allusion à l’har- monie du mariage. Sur une autre on le voit endormi au milieu d’un groupe d’amours endormis comme lui c’est le sommeil des désirs. La toilette d’Hermaphrodite, sujet représenté dans une peinture de Pompéi, est une décoration appropriée à une chambre nuptiale. Cependant on peut également supposer que ces compositions, et d’autres du même genre, sont de simples caprices d’imagination.

C’est avec la même réserve qu’on peut essayer d’expliquer les représentations d’enfants ailés, si nombreuses dans les peintures murales et sur les camées. Le nom de Génies, qu’on leur donne vulgairement, est tout à fait impropre, le Génie étant une divinité italique. Le nom de Démons, qui appartient à la mythologie grecque, serait plus conve- nable pour désigner ces petites figures qui personnifient les mille désirs de l’âme humaine, l’amour du jeu, l’amour de la chasse ou de la pèche, l’amour de la table, l’amour des combats, etc. s La fantaisie des artistes s’exerçait librement sur ce type d’Éros, à peu près étranger aux tradi- tions primitives. La toute-puissance du Désir devint un thème inépui- sable d’allégories ingénieuses, rendues plus claires et plus saisissantes par le contraste entre la faiblesse enfantine et les occupations les plus hardies. Tantôt l’enfant Éros monte sur le dos des lions, tantôt il joue avec les attributs des Dieux 3, car le Désir ne recule pas même devant l’impossible. Sur le bouclier d’Alkibiade, il était représenté la foudre de Zeus à la main. Une jolie statue’, dont il existe de nombreuses variantes, nous le montre armé de la massue d’Hèraklès et vêtu de la dépouille du lion de Némée.

Toutes ces images n’avaient rien qui pût offenser la piété des anciens, moins timide que celle des modernes, et plus habituée à la langue des symboles. Quand Homère et les autres poëtes parlaient du Sommeil dompteur de tous les Dieux, on pensait à l’intermittence des forces natu- relles, dont l’action semble interrompue pendant la nuit et pendant l’hiver. De même, quand les artistes montraient les Dieux soumis à la puissance du Désir, on se rappelait que toute volonté, même l’énergie