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Page:Ménard - Éros, 1872.djvu/20

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ÉROS.

̃1. Wioaeler, II, pi. lui, n" 670.

2. Museo Pin Clémentine, IV, n" 25.

chaque époque se traduisaient spontanément dans l’art comme dans la littérature. Les emprunts ne deviennent des plagiats que lorsqu’ils portent sur la forme et le style, qualités essentiellement individuelles qu’il n’est pas permis d’usurper sous prétexte qu’on ne saurait mieux dire. Ce qui semble particulier à Platon, quant à la doctrine, c’est la dis- tinction des deux Éros, le désir céleste qui attire l’âme vers les types éternels, et le désir terrestre qui l’enchaîne aux apparences changeantes. Quoiqu’on puisse trouver des allusions à cette doctrine sur quelques bas- reliefs, le plus souvent, comme le remarque Ottfried Muller, il n’est pas nécessaire d’y avoir recours pour expliquer le double rôle d’Éros, tantôt bourreau, tantôt consolateur, dans les monuments de l’art. Les douleurs de l’âme sont des épreuves qui la purifient. Éros torture Psyché pour’ l’élever au rang des Dieux et pleure lui-même du mal qu’il fait souffrir.

L’AUB BRUCâB PAR !̃ B DÉSIR.

Sur un cratère de marbre du palais Chigi 1, Ëros" est représenté tenant un papillon au-dessus d’un flambeau, en même temps qu’il détourne la tête en pleurant. A droite et à gauche sont deux figures debout, qu’on interprète par Elpis et Némésis, c’est-à-dire l’Espérance’, qui nourrit les désirs et la Continence,qui les modère. Sur un bas-relief du Vatican 2, on voit deux Éros tenant un papillon chacun par une aile, au-dessus d’un autel où brûlent leurs flambeaux. Tous deux pleurent en détournant les yeux du sacrifice qu’ils accomplissent; c’était l’attitude solennelle de ceux qui allumaient le bûcher des funérailles aversi tenuere facem, dit Virgile. Une scène analogue est figurée sur un beau