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Page:Ménard - Éros, 1872.djvu/8

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ÉROS.

1. Pausanias, I, 20 et. IX, n" 28.

2. !d., ibid.

3. Bouillon, Musée des Antiques, 1, pi. xv.

refusait pas, mais il lui laissait l’embarras du choix. Elle lui lit dire un jour que le feu était à son atelier, et comme il s’écria aussitôt « Qu’on sauve au moins mon Éros et mon Satyre », elle le rassura et lui dit qu’elle savait maintenant ce qu’elle devait choisir1. Elle prit la statue d’Éros et la consacra à ce Dieu dans la ville où il était particulièrement adoré. Cicéron dit qu’on allait à Thespies uniquement pour voir cette statue. Après la conquête de la Grèce, Mummius n’osa pas l’enlever. Caligula, qu’un sacrilége n’effrayait pas, la fit transporter à Rome. Claude la rendit aux Thespiens, mais Néron la fit reprendre et elle périt dans un incendie. Pausanias attribue la mort tragique de Galigula et de Néron à la vengeance d’Éros.

On regarde généralement comme imité d’un des chefs-d’œuvre de Praxitèle le magnifique torse du Vatican 3, dont la tête penchée, ornée de longs cheveux, semble exprimer une sorte de rêverie mélancolique. Cette expression étrange, où se devine déjà le caractère funèbre d’Éros dans les dernières périodes de l’art grec, fait songer au mysticisme sen- suel du Banquet de Platon. Ce livre, austèrement licencieux, comme l’appelle M. Michelet, est un dialogue sur la nature d’Éros il est le’plus ancien de tous les Dieux, car le Désir a créé le monde. – Non, il est le plus jeune, et la lutte des forces élémentaires, au début des cosmogonies, a dû précéder sa naissance. – Mais est-ce bien un Dieu ?Tuisqu’il est le Désir, il lui manque quelque chose les Dieux’ n’ont rien à désirer c’est un Démon, un médiateur entre le ciel et ferlerre. Nous sommes ainsi ramenés au prototype d’Éros, à Hermès, l’intermédiaire universel.