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accréditée à l’époque romaine, puisqu’on la trouve exposée dans le poëme de Virgile.

La transformation des croyances religieuses sous la double influence de l’Orient et de la Philosophie se manifeste surtout dans le symbole de Dionysos, symbole complexe qui reste encore enveloppé d’une grande obscurité. Dionysos est la force vivifiante qui bouillonne dans la séve des plantes et s’épanouit en grappes dorées ; déchiré, foulé aux pieds, il renaît dans la liqueur sacrée des libations ; le sang de la vigne répandu sur l’autel devient l’image du sacrifice dans son acception la plus haute, la rédemption par la mort. Mais cette énergie qui fermente dans le vin, ce feu liquide qui nous fortifie et s’offre pour nous en sacrifice a sa source dans le soleil ; c’est le soleil dans l’hémisphère nocturne, le flambeau des morts, le chorège des blanches étoiles. Comme la chaleur et la vie qu’il répand dans la nature disparaissent en hiver pour renaître au printemps, il est le symbole de la résurrection des âmes, qui sont elles-mêmes des lumières, et ne s’éteignent ici que pour renaître ailleurs. L’idée de la vie future s’offrait souvent à l’esprit sous les riantes couleurs d’une ivresse éternelle ; aussi les Bacchanales sont-elles un des sujets le plus fréquemment reproduits sur les sarcophages.

La tendance au Panthéisme, déjà très visible dans le culte de Dionysos, se manifeste encore davantage dans les fables asiatiques d’Attys et d’Adonis, qui ont des rapports étroits avec la légende égyptienne d’Osiris. Le fond commun de tous ces symboles est la mort et la résurrection d’un Dieu. Dans la décadence du monde antique, le Polythéisme grec, déjà ébranlé par la philosophie, qui inclinait vers les dogmes unitaires, s’altérait de plus en plus par son mélange avec les religions de l’Orient qui débordaient confusément sur l’Europe. Le Christianisme représente le dernier terme de cette invasion des idées orientales en Occident.


État présent des croyances.


La résurrection des corps, qui est la forme de la métempsycose dans le Panthéisme égyptien, fut adoptée par les premiers prédicateurs du Christianisme. La fin du monde, annoncée comme très prochaine, frappait vivement les imaginations et contribua aux progrès rapides de la nouvelle doctrine. Quand cette catastrophe dut être reculée de siècle en siècle, le peuple avait déjà pris l’habitude d’invoquer ses Saints, comme si pour eux la résurrection était déjà accomplie.

L’idéal moral s’étant transformé, et la contemplation ascétique ayant pris le pas sur les vertus actives, le culte des Saints remplaça le culte des Héros. Ce fut la forme des religions locales et les Saints eurent dans les communes du moyen âge le rôle qu’avaient eu les Héros dans les cités grecques. La croyance à la vie future reprenait ainsi le caractère spiritualiste que lui avait donné la Grèce ; le Jugement dernier a fini par n’être plus qu’une mise en scène mythologique, et l’on a cessé de croire qu’il fallût