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l’une de l’autre que les langues de ces deux peuples ; mais par la prédominance du culte sur le dogme, par l’importance qu’ils ont attribuée aux fonctions sacerdotales, les Romains ont préparé le règne d’une théocratie dans l’Occident.

Quoique le Véda soit resté le livre sacré des Aryas de l’Inde, leur religion a passé du Polythéisme au Panthéisme. Cette transformation s’est produite à une époque indéterminée, mais il est certain qu’elle répond à l’établissement du régime des castes et qu’elle a été l’œuvre des brahmanes. On retrouve le Panthéisme associé au système des castes dans la plus ancienne civilisation du monde, celle de l’Égypte. Mais tandis que le Panthéisme indien n’a été que le produit d’une élaboration sacerdotale, le Panthéisme égyptien présente le caractère d’une religion naturelle. La vie universelle s’y révèle dans son unité par l’action du soleil sur la nature, dans sa diversité par les formes animales. Le culte du soleil était associé dans la religion égyptienne au culte des animaux, qui est la forme ordinaire du fétichisme chez les races africaines. La croyance à la résurrection des corps paraît avoir été dès l’origine un des dogmes de l’Égypte : c’est à cette croyance, plutôt qu’à la doctrine grecque de l’immortalité de l’âme, que les chrétiens ont emprunté leurs opinions sur la vie future.

Il est difficile de dire si le Monothéisme est né spontanément à l’aspect du désert, où règne une force unique, le Simoun, celui dont le souffle est un feu dévorant, ou s’il s’est développé peu à peu comme une protestation du sentiment national des Juifs contre les influences étrangères, mais il est certain que le dogme de l’unité divine a été le dogme fondamental de la religion hébraïque. Ceux qui croient l’esprit humain à jamais enfermé dans ce dogme s’étonnent de ne le trouver que chez un peuple si inférieur dans l’art, dans la science et dans la politique aux grandes nations de l’antiquité, mais ils ajoutent que le peuple juif étant prédestiné au rôle d’initiateur religieux du genre humain, cette mission providentielle compense largement tout ce qui lui a manqué ; ceux qui jugent les doctrines religieuses par les civilisations qu’elles ont produites arrivent naturellement à une conclusion différente. La religion chrétienne et la religion musulmane se rattachent au Judaïsme par l’emprunt qu’elles lui ont fait de sa conception monarchique de l’univers, mais elles ont en même temps emprunté à d’autres religions deux dogmes dont il n’y pas de trace dans la Bible hébraïque, le dogme du mauvais principe et de la chute des anges, et le dogme de la résurrection et du jugement dernier.

Tandis que le Polythéisme de la race indo-européenne était absorbé dans l’Inde par l’unité complexe du Panthéisme, les Iraniens lui faisaient subir une transformation toute différente. Les luttes dont la nature est le théâtre, et qui tiennent une place importante dans le Véda, dans la cosmogonie hellénique et dans les mythologies du Nord, sont ramenées par la religion mazdéenne à l’antagonisme de deux principes, la lumière et les ténèbres. L’opposition de ces deux principes se traduit dans l’homme et dans la société par la lutte du bien et du mal. L’expression physique de