Page:Ménard - Du polythéisme hellénique, 1863.djvu/321

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sociation des trois grandes divinités de la production et de la mort. Le culte de Dionysos sert de passage entre l’ancienne religion hellénique et les religions barbares qui l’altérèrent progressivement. Tous les dogmes nouveaux empruntés à la Phrygie, à la Perse, à la Syrie et à l’Égypte, s’introduisirent en Grèce sous la forme de mystères, et on finit par chercher hors de la Grèce, et surtout en Égypte ; l’origine des initiations, comme on y avait cherché celle de toutes les autres formes de la religion grecque.

On peut expliquer le caractère, secret des mystères par des raisons théologiques qui tiennent aux rapports intimes du dogme et du culte dans l’Antiquité. Toutes les fois que l’homme cherche à traduire sa pensée, soit par des gestes, soit par des mots, soit par des formes plastiques, il faut que le signe qu’il emploie soit la représentation aussi exacte que possible de la chose signifiée. Au début de toutes les langues on trouve l’harmonie imitative ; dans les religions, que j’ai souvent comparées à des langues ; les cérémonies extérieures sont toujours l’expression sensible des croyances populaires, et comme il faut un mot pour rendre, chaque idée, à chaque symbole religieux correspond une forme particulière du culte. Plus un peuple a d’idées, plus sa langue est riche ; le polythéisme est la synthèse la plus large de toutes les idées religieuses, sa langue religieuse doit donc être la plus riche et la plus variée ; chacune de ses conceptions a une expression propre, une cérémonie spéciale qui en est le signe extérieur.