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Page:Ménard - Du polythéisme hellénique, 1863.djvu/343

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Dans les mystères de Samothrace, les purifications étant proportionnelles aux fautes, il fallait se confesser au prêtre des Cabires, appelé Koiès. On dit que Lysandre, invité à déclarer quel était son plus grand crime, avait répondu :

« Est-ce toi ou les dieux qui l’exigent ? — Ce sont les dieux, dit le prêtre. — Eh bien retire-toi, reprit Lysandre ; s’ils m’interrogent, je leur répondrai. »

La même question fut faite à Antalcidas, qui répondit seulement :

« Les dieux le savent. »

Il paraît d’ailleurs qu’il y avait des crimes inexpiables, car on dit que Néron n’osa pas s’approcher d’Athènes à cause des imprécations qui éloignaient les parricides des mystères d’Eleusis. Selon Zosime, Constantin ayant voulu se faire purifier du meurtre de son fils, les prêtres lui diront qu’il n’y avait pas d’expiation pour un pareil crime ; ce fut alors qu’il embrassa le christianisme, sur l’assurance qui lui fut donnée que les chrétiens savaient effacer toute espèce de péché. Ces purifications n’étaient pas nouvelles en Grèce ; on en voit de nombreux exemples dans les légendes héroïques. A la vérité, Homère n’en parle pas, mais il en est déjà, question dans les Cycliques ; on se purifiait pour les meurtres involontaires. Ces cérémonies n’étaient, dans l’origine, que le signe visible du repentir, qui réconcilie l’âme avec les dieux et avec elle-même ; mais, comme il arrive souvent en pareil cas, on finit, quelquefois par attribuer une vertu