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Page:Ménard - Poèmes et Rèveries d’un paien mistique, 1895.djvu/129

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— N'insiste pas dit Dieu, tu pourais ofenser la chasteté des Anges.

— Je n’en suis pas bien sûr, répliqua Satan ; il me semble voir Azaziel sourire et Samiaza prêter l’oreille. Les filles des omes feront bien de se voiler de leurs longs cheveus et de ne pas s’égarer dans les sentiers du mont Hermon.

— Assez, dit Dieu ; l’avenir ne te regarde pas ; je me suis rservé la prescience.

— Alors tu sais, répondit le Prince de ce monde, qel usage fera l’ome de l’intelligence qe tu lui as donée. Peut-être un jour te repentiras-tu de l’avoir créé, qand les cris de mort monteront vers toi, qand la tère sera rouge du sang répandu, et qe pour la laver il faudra déchaîner la mer et ouvrir les cataractes du ciel.

— J’ai donc à l’ome l’intelligence et la liberté, dit Dieu ; il récoltera ce qu’il aura semé.

— L’intelligence se trempe, la liberté s’égare, dit Satan ; moi, j’ai donné à mes créatures un instinct infaillible. La monarchie des abeilles et la républiqe des fourmis pouront servir de modèles aus sociétés umaines, mais je ne creis pas qe ces exemples là trouvent beaucoup d’imitateurs.

Tu le vois, maître, dans l’umble créacion qe j’ai produite pour t’obéir, j’ai pris le contrepied de ton œuvre. C’est à toi de décider si j’ai réussi.

Iahweh fronça les sourcils et dit : « Parlons d’autre chose. »