Aller au contenu

Page:Ménard - Poèmes et Rèveries d’un paien mistique, 1895.djvu/264

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


Car l’expiation est chose grande et sainte
Et corne un reproche éternel,
Les douleurs sans vengeance élèvent une plainte
Qui monte de la terre au ciel.

Et de peur qu’il fût dit que cette loi suprême
Put être oubliée une fois,
Pour absoudre le ciel, l’homme a cru que Dieu même
Dût s’immoler sur une croix.

La revanche viendra : le Jour inévitable
Des Justes expiations
Luira pour balayer une race coupable
Au vent des révolutions ;

Alors on nous dira : « La vengeance est impie,
Il faut pardonner, non punir ».
Et quand le sang versé veut du sang qui l’expie
On parlera de repentir.

Pas de grâce. Pensons à la mort de nos frères,
A tant de maux inexpiés,
Et que leur souvenir en profondes colères
Transforme les lâches pitiés ;

Pensons aux jours de sang, de pillage et de ruine,
Ou dans nos faubourg bombardés
Le canon répondait aux cris de la famine,
A nos murs de sang inondés

Le viol impur souillait les vierges sur les places,
Les morts s’entassaient par milliers
Et quand les massacreurs, dont les mains étaient lasses,
Eurent tué trois Jours entiers,