Page:Ménard - Poèmes et Rèveries d’un paien mistique, 1895.djvu/319

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

leur offrent des erbes pour se nourir et leur demandent leurs prières. Mais tous les fantômes du passé, tous les spectres pleurés du boneur et du monde les atendent au milieu du muet recueillement de la solitude. La vie était si douce autrefois, sous le ciel de la Grèce, sous le calme regard de nos Dieus indulgents ! Maintenant, la volupté est maudite, la toute-puissante, l’irrésistible, qi nous souriait sur l’écume des vagues ; elle est maudite, la mère féconde, la grande nature.

Et les énergies cosmiqes, les Dieus de la vie universèle, aparaissent, transformés en Démons irrités, pendant les longues nuits, pleines de tentacions. Redoublez d’austérités pour éteindre la fièvre du désir, broyez la chair condamnée sous le cilice et le jeûne, déchirez-la sous le fouet des disciplines, sous les grifes de fer. Courage, aus armes ! à la prière ! Dieu envèra ses légions d’anges au secours de ses saints. La lute touche à son terme, voici le jour qui dissipe les visions de la nuit impure, l’Enfer est vaincu. Ceignez l’auréole d’or, cueillez les palmes immortèles, le ciel va s’ouvrir, le ciel serein de la conscience, et le corps crucifié sera transfiguré dans la gloire, et l’àme victorieuse s’endormira dans la pais reconqise, dans l’éternèle contemplacion de son Dieu.

L’ascétisme des moines de la Thébaïde est regardé aujourd’ui come une aberracion malsaine. L’art et la littérature font l’apotéose de la chair, et cela durera jusq’à ce q’il se produise une réaxion de dégoût, come sous l’empire romain. Cète réaxion ne s’est pas manifestée seulement dans le Cristianisme. Il i a dans l’atmosfère d’une époqe des idées errantes qui se propagent par des voies