Page:Ménard - Poèmes et Rèveries d’un paien mistique, 1895.djvu/320

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inconues, et l’istoire constate la diffusion des mèmes épidémies intellectuèles dans des camps oposés. La morale filosofiqe et la morale crétiène s’acordaient pour enseigner le mépris de la matière. Come on demandait à Plotin de laisser faire son portait, il répondit : « C’est déjà bien assez umiliant d’avoir corps sans en perpetuer le souvenir. »

Ce spiritualisme exalté fut professé à Alexandrie par une bèle jeune fille nommée Hypatia. Ele était fille du filosofe Théon et continuait le cours de son père. Un de ses auditeurs devint amoureus d’èle et lui déclara sa passion. Ele le traita comme un malade et, pour cautériser au fer rouge la blessure q’èle avait faite, èle surmonta les coqèteries et les réticences de son sexe et flétrit cruèlement, aus dépens d’èle-mème, les turpitudes de la chair : « Pauvre fou, dit-èle, tu me fais pitié. Les rèves du désir sont-ils plus vrais que ceus du someil ou de l’ivresse ? Tu fais des serments d’amour éternel, come s’il i avait de l’éternité dans la sfère de l’illusion et du devenir. Si tu pouvais me voir, dans un miroir magiqe, tèle que je serai dans cinqante ans, tu serais écœuré. Mais tu n’as pas besoin de penser aus laideurs de la vieillesse pour rougir de ta folie : je vais évoqer les hontes qi sont le stigmate de la vie terrestre. Je suis umiliée quand j’y pense, mais je veus tuer ton amour aus dépens de mon orgueil. Oui, Lucrèce a raison ; cèle qe tu compares à une fleur. si tu passais tout un jour près d’èle, il y a un moment où île te soulèverait le cœur : et miseram tetris se sufft odorous ipsa. C’est laid, fétide et ridicule. Et voilà ce qe tu adores, Archytas, la sale matière, cète pouriture. avcc ses sécrécions, ses déjexions et son infection ! Pauvre fou, tu me fais pitié. »