Page:Ménard - Poëmes, 1863.djvu/143

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L’extase avait marqué d’une céleste empreinte
Ses traits calmes et doux, son front pur et rêveur.
Ses sœurs, qui l’honoraient à l’égal d’une sainte,
Enviaient son austère et brûlante ferveur,
Et cette pureté qui met une auréole
Sur le front lumineux des vierges de Fiesole.

Mais son voluptueux sourire et ses grands yeux
Noirs, languissants, voilés, par un contraste étrange,
Annonçaient qu’un désir vague et mystérieux
Veillait à son insu sous les rêves de l’ange.
C’est le type idéal que créa Raphaël,
Chaste et passionné, mystique et sensuel.

Cependant sa beauté, rêve d’un autre monde,
Appelait moins l’amour que l’adoration.
Ou eût cru, la voyant, mélancolique et blonde,
Se pencher vers sa sœur, à l’apparition
Des célestes esprits qui délaissaient leur sphère,
Séduits par la beauté des filles de la terre.