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Page:Ménard - Poëmes, 1863.djvu/144

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Madeleine était brune et pâle ; ses yeux bleus
Avaient de longs éclairs veloutés et fluides.
Quand Blanche rencontrait un regard de ces yeux,
Tout son corps frissonnait sous leurs rayons humides ;
Son âme se noyait dans ce regard profond,
Et d’intimes pâleurs lui montaient vers le front.

« Madeleine, dit Blanche après un long silence,
Le monde où vous allez entrer m’est inconnu.
Cette enceinte muette a caché mon enfance,
Et jamais bruit humain jusqu’à moi n’est venu ;
Mais le cœur est le guide et l’oracle suprême :
Je crois à vos dangers parce que je vous aime.

Dans ces murs bien des cœurs brises viennent chercher
Le repos et l’oubli d’un rêve ineffaçable ;
Et, comme il est souvent trop cruel de cachet
Les souvenirs brûlants dont le poids nous accable,
Plus d’une a dans mon âme épanché ses douleurs,
Et je connais le monde et l’amour par leurs pleurs ;