Page:Ménard - Poëmes, 1863.djvu/151

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Seigneur, j’avais rêvé pour moi ces saintes flammes,
Reflets de votre ciel, qui doublent le bonheur ;
Cet amour chaste et pur, cet hymen de deux âmes
À tout être promis… Etait-ce trop, Seigneur ?
Ce bonheur, pour moi seule, en un crime se change,
Et le mauvais esprit prend la forme d’un ange.

Eh bien, s’il me faut dire un éternel adieu
A cet espoir permis à toute créature,
 Guidez mes pas tremblants, éclairez-moi, mon Dieu !
Quel baume guérira ma profonde blessure ?
Comment fuir cet abîme entr’ouvert sous mes pas ?
Que faire enfin ? Mon Dieu ! vous ne répondez pas ! »

Elle pleurait ; son front se courbait sur les dalles ;
Sous la voûte funèbre aux sonores échos,
Le bruit de ses soupirs montait par intervalles.
Les rayons de la lune, à travers les vitraux,
Caressaient d’un reflet d’argent les boucles blondes
De ses cheveux épars tombant en lourdes ondes.