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Page:Ménard - Poëmes, 1863.djvu/219

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A ces mots, au moment de reprendre sa route,
Euphorion hésite au carrefour du doute,
Et, pensif, devant Rome il s’arrête un instant
Pour saluer encor le vieux monde en partant.

Il est nuit : Rome dort, sereine et reposée ;
Le Forum est désert ; le sol du Colysée
Boit le sang répandu dans les jeux du matin ;
La lune disparaît derrière l’Aventin.

Chaque temple a fermé sa porte aux yeux vulgaires,
Mais les initiés célèbrent leurs mystères,
Et leur prière, avec l’encens des trépieds d’or,
Dans l’air silencieux vibre et s’élève encor.

Non loin d’eux cependant, au fond des catacombes,
Devant un simple autel qui n’a pas d’hétatombes,
Au milieu des tombeaux, tout un peuple à genoux
A leurs hymnes joyeux mêle un chant triste et doux.