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Page:Ménard - Poëmes, 1863.djvu/250

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Alors se confondit la vision nocturne
Que sur moi le sommeil évoquait de son urne ;
Dans l’abîme sans borne où mes yeux se noyaient,
De grands astres éteints çà et là tournoyaient.
Comme un vaisseau perdu dans l’Océan des mondes,
La terre s’égarait en courses vagabondes ;
Le soleil, — oh ! qu’un seul, un seul rayon béni
Traversât seulement les champs de l’Infini !
Mais dans les cieux nageait un crépuscule pâle ;
Par instants mugissait la lugubre rafale
Que Dante vit planer sur les cercles maudits ;
Puis un silence morne, et les vents engourdis
Laissaient les mers sans vague et de bruine voilées.
Cependant, au milieu des plaines désolées,
Vibrait comme l’écho d’un mugissement sourd,
Et dans l’air sans étoile errait un brouillard lourd.

Connue les cris mêlés de mille oiseaux funèbre,
Un dernier cri de mort monta dans les ténèbres,