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Page:Ménard - Poëmes, 1863.djvu/29

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mais la foi dans l'avenir n'autorise pas à blasphémer le passé. La vieillesse et l'âge mûr sont-ils un progrès sur l'enfance et la jeunesse ? Chacun répondra selon son tempérament, et, si les philosophes comprennent mieux la vérité sous une forme algébrique, les artistes aimeront mieux la recevoir sous l'enveloppe palpable du symbole.

La science moderne, qui admet des molécules indivisibles mais étendues, qui croit aux deux fluides électriques, qui personnifie le calorique, qui explique la vie minérale par l'affinité, comme si un mot expliquait un fait, sourit dédaigneusement des Grecs, qui rêvaient une Dryade dans chacun des chênes de Dodone, et une Océanide dans chaque flot de la mer ; pourtant les conceptions antiques renferment une notion plus juste de la vie universelle que toutes nos abstractions mortes, et ont de plus l'avantage de fournir des types à la peinture et à la statuaire. Là où nous voyons des forces et des principes, les anciens voyaient des dieux ; nous appelons l'attraction ce qu'ils appelaient Vénus ; c'est une question de mots,