Page:Ménard - Rêveries d’un païen mystique, 1911.djvu/105

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La légende se tait sur sa famille et sur ses premières années, et raconte seulement qu’il avait étudié toutes les sciences profanes, et qu’il avait suivi les leçons des derniers philosophes païens, notamment de la célèbre Hypatie, fille de Théon d’Alexandrie, qui fut massacrée par les chrétiens à l’instigation de saint Cyrille. Cette vierge austère, une des saintes du paganisme, produisit sur Hilarion une impression profonde qui survécut à sa conversion. Les idées nouvelles se greffaient plus facilement qu’on ne le croit sur les croyances antiques. Avec une liberté d’esprit assez commune chez les chrétiens de cette époque, où l’orthodoxie n’avait pas encore établi son inflexible niveau sur les intelligences, Hilarion soutenait qu’Hypatie était sauvée, quoiqu’elle n’eût pas reçu la foi chrétienne. Il disait qu’il avait trouvé une préparation aux vertus ascétiques dans les graves enseignements que cette belle et chaste fille savait tirer des poètes et des philosophes grecs. Il gardait encore d’autres traces de son éducation païenne, car dans la solitude où il s’était retiré, à côté d’un crucifix et d’une tête de mort, il y avait les poèmes d’Homère, les dialogues de Pla-