Page:Ménard - Rêveries d’un païen mystique, 1911.djvu/118

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éclairaient le monastère fondé sur la rive du Nil par Marie l’Égyptienne. Ils descendirent du bateau, s’arrêtèrent devant la porte, et elle s’ouvrit. La vieille abbesse parut, suivie d’une troupe de religieuses en voiles blancs.

Je t’attendais, mon fils, dit-elle à Hilarion. C’est bien, je suis contente de toi : tu as sauvé une âme.

Et, prenant Ondine par la main, elle lui dit : Marie, viens avec moi, mon enfant, prends ta place au milieu de tes sœurs.

Les spectres blancs entourèrent la jeune fille, et leur cercle se referma. Il voulut la suivre ; l’abbesse lui dit : tu ne peux franchir le seuil de l’asile des vierges. Retourne dans ta solitude ; remercie Dieu qui t’a conduit jusqu’ici, et prie-le de ne jamais t’abandonner.

La porte du couvent se referma. Hilarion sentit ses genoux fléchir ; il entendait le sang battre dans ses artères, et il lui semblait qu’une main lui tordait le cœur. Il comprit que tout était fini et qu’il ne la reverrait jamais en ce monde : était-il bien, bien sûr de la retrouver dans l’autre ? Il se prosterna devant la porte pour baiser le sol qu’elle avait foulé de ses pas, et des larmes