Page:Ménard - Rêveries d’un païen mystique, 1911.djvu/144

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s’appelleront Tat, Asclèpios et Ammon. Puisse se compléter bientôt la tétrade hiératique qui doit transmettre, d’une génération à l’autre, le dépôt de la science sacrée.

Asclèpios. Je crains que ce souhait ne puisse s’accomplir, ô Trismégiste. À moins de recueillir un enfant abandonné, comme tu m’as recueilli moi-même, comment trouverai-je un disciple au milieu de l’Égypte chrétienne ?

Hermès. Je le sais, Asclèpios, nous vivons dans les jours mauvais annoncés par nos livres prophétiques. L’Égypte, cette terre sainte, aimée des dieux pour sa dévotion à leur culte, est devenue une école d’impiété ; les enfants foulent aux pieds la religion de leurs pères. Depuis le fatal édit de Théodose, si facilement accepté par la lâcheté du peuple, les statues des Dieux sont brisées, et sur les murs des temples changés en églises, leurs images sont martelées et couvertes de chaux. Seule, l’île sainte de Philae abritait encore la sagesse antique, mais j’ai lieu de craindre que nous, ses deux derniers fidèles, ne soyons forcés bientôt de quitter ce suprême asile. C’est pourquoi j’ai voulu te confier un trésor sacré, que tu porteras plus loin,