Page:Ménard - Rêveries d’un païen mystique, 1911.djvu/165

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

je te l’expliquerai ; ce qu’il m’est permis de t’apprendre, je te l’apprendrai.

L’Homme. Ainsi, il y a des choses que tu pourrais me dire et que je ne pourrais pas comprendre ? Soit, ma raison a des bornes, je le sais. Mais il y a des choses qu’il t’est défendu de me dire : pourquoi ? Si la vérité est bonne, le bien n’a pas à se cacher ; si elle est mauvaise, je suis de force à l’entendre, et si j’avais eu peur de la connaître, je ne t’aurais pas évoqué.

Le Dieu. Est-ce bien la vérité que tu cherches, et la trouverais-tu meilleure que l’incertitude, si elle était contraire à tes espérances ? Prends garde : tu veux savoir si l’âme est immortelle ? Ne me demande pas une réponse trop prompte : laisse-moi t’y préparer.

L’Homme. Ces réticences me disent assez qu’il n’y a rien à attendre pour moi au delà de cette vie : c’est bien ; je m’en doutais.

Le Dieu. Ne cherche pas dans mes paroles un sens qui n’y est pas : un artifice de langage ne serait digne ni d’un homme ni d’un Dieu. Je te répondrai sans réticence, si, après réflexion, tu persistes à m’interroger ; mais réfléchis d’abord. Tu reconnaîtras peut-être que les Dieux ont eu