Page:Ménard - Rêveries d’un païen mystique, 1911.djvu/166

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

raison de cacher à l’homme sa destinée. Examine successivement toutes les réponses que je pourrais te faire, et tu me diras quelle est celle que tu voudrais être la vérité.

Suppose d’abord que je te dise : rien ne meurt, tout se transforme ; les éléments qui composent ton corps ne sont pas anéantis quand la mort les sépare : pourquoi disparaîtrait-elle plus qu’eux, cette force invisible qui les tenait groupés, et que tu appelles ton âme ?

L’Homme. Oui, cela a été dit autrefois, l’âme est une parcelle de l’éther, une flamme captive dans une lampe d’argile, et la mort est pour elle une délivrance. Mais alors elle peut rentrer dans le réservoir commun des âmes, comme une goutte d’eau dans la mer ; elle peut aussi animer des combinaisons nouvelles, à commencer par les plus humbles, les vers du tombeau, par exemple, car eux aussi ont une étincelle de feu qui les fait vivre. Mais que me font ces métamorphoses, si ma raison et ma conscience remontent à leur source divine ? Sans doute l’équilibre des forces ne sera pas troublé, mais que reste-t-il de l’homme, s’il perd ce Dieu intérieur que chacun porte en soi ?