Page:Ménard - Rêveries d’un païen mystique, 1911.djvu/187

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

n’est-ce pas ? À quoi te servent donc les leçons de l’expérience ? Il ne te serait pas venu l’idée de faire exactement le contraire, je veux dire, d’améliorer tes mauvais serviteurs en supprimant leurs gages, puisque tu reconnais toi-même que ceux que tu ne payes pas sont ceux qui travaillent le mieux ? Faut-il que tu aies la tête dure ! Et combien te coûtera le traitement de tes conseillers ?

Jacques. Cinq cent trente-trois millions quatre cent mille francs, au bas prix ; un journal que je n’aime guère a fait le compte, et il n’y a rien à opposer à son calcul. Cependant un philosophe de mes amis[1] assure que cette somme, étant payée en détail au lieu de l’être en bloc, se réduira presque à zéro. Il ajoute que si l’on ne paye pas ses domestiques, ils font danser l’anse du panier.

La Fée. Ils ne feront toujours pas pis que ceux que tu payes.

Jacques. Mais mon philosophe m’assure que mes conseillers gratuits trouveront moyen de faire avoir des places lucratives à leurs fils, à leurs neveux et à leurs gendres.

  1. Voir la Critique philosophique, 3e année, 42.