Page:Ménard - Rêveries d’un païen mystique, 1911.djvu/188

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La Fée. Tes députés, tes ministres et tes préfets n’ont donc pas de famille à caser ?

Jacques. Oh ! l’honneur les empêchera toujours de favoriser leurs parents.

La Fée. Il paraît que ton philosophe ne compte guère sur ces beaux sentiments-là, puisqu’il ne veut plus de serviteurs gratuits.

Jacques. C’est qu’il dit que ce serait réserver les fonctions aux riches, et un journal de mes amis, le Rappel, est tout à fait de cet avis ; il soutient qu’en ne payant pas mes fonctionnaires, j’exclus les pauvres des emplois qu’ils seraient capables de remplir.

La Fée. Ton Rappel a-t-il vu beaucoup de fils de chiffonniers nommés ambassadeurs ? Il ne sait donc pas que les gros appointements vont naturellement aux riches comme l’eau va à la rivière ?

Jacques. Mais tout le monde me dit que la gratuité des fonctions est tout à fait contraire aux principes de la démocratie, et il paraît que c’était l’opinion de M. de Tocqueville.

La Fée. Mon cher garçon, je t’avais conseillé d’étudier l’histoire, dont les leçons valent mieux que la rhétorique des journaux et les raisonnements