Page:Ménard - Rêveries d’un païen mystique, 1911.djvu/190

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lucratives, étaient des charges, souvent fort onéreuses, celle des chorèges, par exemple, qui étaient obligés de donner des fêtes au peuple à leurs frais…

Jacques. Mais alors, il n’y avait que les riches qui pouvaient occuper les emplois ?

La Fée. Je te disais bien que tu allais traiter les Athéniens d’aristocrates. Le peuple avait ses nobles pour le servir comme Louis XIV a eu les siens, mais la dignité des Eupatrides n’avait pas à souffrir de cette soumission à la patrie, et le peuple pouvait dire sans métaphore : l’État c’est moi.

Jacques. Vous aurez beau dire, c’était faire du gouvernement le privilège des classes riches.

La Fée. Du gouvernement, non ; de l’exécutif, ce qui est loin d’être la même chose dans une vraie démocratie. À Athènes, le souverain était le peuple, puisqu’il votait l’impôt et faisait les lois ; les magistrats chargés de les exécuter n’étaient pas ses maîtres, mais ses commis.

Jacques. Il n’en est pas moins vrai que pour servir l’État gratuitement, il faut avoir son temps à soi, et que dès lors les fonctions publiques sont réservées aux oisifs.

La Fée. Ils ne seront plus oisifs s’ils remplissent