Page:Ménard - Rêveries d’un païen mystique, 1911.djvu/189

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a priori des philosophes. On te parle à tout propos de démocratie, il serait bon de savoir ce qu’entendaient par là ceux qui ont inventé le mot et la chose. Les grandes monarchies de l’Europe doivent la civilisation dont elles sont si fières à la petite république d’Athènes, imperceptible sur la carte du monde. Or, les citoyens de cette petite commune souriraient de pitié en vous entendant parler de votre démocratie. Ils ne se seraient pas crus libres pour avoir mis tous les cinq ou six ans dans une boîte le nom d’un des députés chargés d’approuver l’impôt. Ils n’auraient pas vu là une entrave suffisante à l’autorité du pouvoir exécutif ; ils auraient exigé de plus que tous les dépositaires de ce pouvoir, depuis le premier ministre jusqu’au dernier sous-préfet, fussent soumis à l’élection, toujours révocables et pécuniairement responsables. Dans ce pays-là, les pauvres votaient l’impôt, les riches le payaient…

Jacques. Alors, c’était la tyrannie de la multitude, le despotisme par en bas.

La Fée. Un peu de patience, tout à l’heure tu vas les trouver trop aristocrates pour toi. Chez ces gens-là, les fonctions publiques, loin d’être