Page:Ménard - Rêveries d’un païen mystique, 1911.djvu/195

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jour dans l’Officiel un décret dans ce sens-là ; quand le mettras-tu à exécution ?

Jacques. Oh ! je sais ce que vous voulez dire ; ne me parlez pas de ces gens-là, ils m’ont fait trop peur.

La Fée. Soit, n’en parlons plus, on ne discute pas avec la peur. Cependant il est sage de profiter d’un bon avis, même quand il vient de quelqu’un qu’on n’aime pas. Quand j’ai lu ce décret, je me suis dit : bon, voilà le vrai moyen de mettre tous les partis d’accord, et en effet cela n’a pas manqué ; il s’est élevé une tempête de malédictions. Comme tous les gens respectables demandent des places pour eux, leurs fils ou leurs gendres, il n’est pas étonnant qu’un décret qui brisait dans l’œuf tant d’espérances ait déchaîné la meute des aspirants sous-préfets. Aussi a-t-on vu pour la première fois un accord touchant s’établir entre les conservateurs et l’opposition, c’est-à-dire entre ceux qui ont les places et ceux qui voudraient les avoir.

Jacques. Ainsi, marraine, vous n’avez pas d’autre solution à me proposer que votre décret sur le maximum des traitements ?

La Fée. Non, mais cela suffit ; c’est le seul