Page:Ménard - Rêveries d’un païen mystique, 1911.djvu/194

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par le pouvoir. Tu n’es pas plus libre et tu payes encore plus cher.

Jacques. Mais j’ai une chambre élective qui contrôle les actes du gouvernement.

La Fée. Ici tu as raison de donner à l’exécutif le nom de gouvernement, car le véritable maître, c’est celui qui tient la clef de la caisse. Grâce à cette précieuse clef, celui qui distribue les faveurs étend l’inextricable réseau de sa hiérarchie sur toutes les classes, depuis les ministres, les préfets et les sous-préfets jusqu’aux gardes champêtres, aux balayeurs et aux cantonniers.

Jacques. Vous oubliez toujours que mes députés sont là qui veillent.

La Fée. Quel bien ont-ils fait, quel mal ont-ils empêché ? J’en connais, et toi aussi, qui n’ont pas résisté à l’offre d’une ambassade ; leurs vingt-cinq francs par jour ne leur suffisaient pas : qu’auraient fait de pis des conseillers gratuits ?

Jacques. On ne peut cependant pas changer les mœurs d’une époque et adopter d’emblée la constitution des athéniens.

La Fée. Non, je ne t’en demande pas tant. Je me bornerais à réduire à six mille francs le maximum du traitement des fonctionnaires. J’ai lu un