Page:Ménard - Rêveries d’un païen mystique, 1911.djvu/202

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pardon : je trouve cela immoral. L’homme qui dirige la conscience d’une femme est son véritable époux : le mari n’a que le corps, c’est le prêtre qui a l’âme.

Les difficultés sont encore plus graves s’il y a un enfant. Le père et la mère, responsables au même titre de son éducation morale, ne s’entendent pas sur le principe de cette éducation. Ils ont beau éviter de parler des questions qui les divisent, l’enfant voit bien que sa mère va à la messe et à confesse, et que son père n’y va pas. L’un des deux a tort, évidemment, mais lequel ? L’enfant hésite, sa conscience est troublée, il perd le sentiment du respect. S’il interroge son père, celui-ci n’ose pas répondre, de peur de contredire l’enseignement du catéchisme ; car presque toujours l’enfant est abandonné à la femme, qui le livre au prêtre. Ce qui lui est dit dans le silence du confessionnal, le père n’en sait rien. Eh bien, je trouve cela monstrueux : c’est la dissolution de la famille, qui est la base de toute société. Je ne conteste pas le droit de la femme sur l’éducation de l’enfant, mais à la condition qu’elle exerce ce droit elle-même, et ne le délègue pas à un étranger. Celui qui dirige