Page:Ménard - Rêveries d’un païen mystique, 1911.djvu/208

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le modèle que se proposent ceux qui prennent le nom de chrétiens ; c’est en s’élevant par un effort continu vers cette perfection idéale qu’ils entrent dans la communion des saints, et se reposent après la lutte dans la béatitude intérieure qu’on nomme le ciel.

En passant en revue les dogmes fondamentaux du christianisme et en les traduisant sous une forme abstraite, il me serait facile de montrer qu’ils sont parfaitement acceptables pour un libre penseur. Qu’importe que la pensée soit enveloppée de symboles mythologiques ? La mythologie est la langue des religions, et les symboles sont toujours transparents pour qui veut les comprendre. Ils sont l’incarnation vivante de la conscience humaine, et il n’est pas de poète ou d’artiste qui puisse en créer de plus beaux. Qu’on cherche par exemple une expression visible et plastique du dogme républicain de la fraternité : où pourrait-on trouver une légende plus saisissante que celle du Juste mourant volontairement pour le salut des hommes ? Ce drame sublime de la Passion restera le type de toutes les condamnations injustes et de toutes les douleurs volontairement acceptées. De-