Page:Ménard - Rêveries d’un païen mystique, 1911.djvu/209

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vant toutes les proscriptions politiques ou religieuses, devant les autodafés, les échafauds et les fusillades, on se rappellera toujours les détails profondément humains de l’agonie divine. Quand toutes les haines et toutes les lâchetés s’acharnent sur une insurrection vaincue, on pense à la trahison de Judas et au reniement de Saint Pierre, aux insultes des soldats et des juges, aux soufflets, aux crachats, à l’éponge de fiel ; et quand on voit les victimes de nos réactions sanglantes porter les chaînes des forçats, on se souvient que le Dieu du sacrifice fut crucifié entre deux voleurs.

Je vous assure, mon ami, que je serais moins embarrassé que vous paraissez le croire pour prendre au sérieux le rôle d’apôtre ; seulement je ne puis être chrétien qu’à la condition d’être protestant, car je tiens absolument à garder mon droit illimité de libre examen et d’interprétation. Vous supposez peut-être qu’à un mariage protestant je préférerais, au fond, un mariage purement civil ; détrompez-vous. Je ne crois pas comme vous qu’il soit inutile de donner une consécration religieuse à chacun des grands actes de la vie. Le mariage est un enga-