Page:Ménard - Rêveries d’un païen mystique, 1911.djvu/212

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SACRA PRIVATA



La pauvre femme était couchée sur son lit, maigre et pâle, les yeux entourés d’un creux noir. Le médecin n’avait donné aucune espérance et ne devait pas revenir. Elle voulut revoir son enfant une dernière fois, mais elle ne pouvait plus lui parler. Puis la vieille grand’mère emmena l’enfant pour lui épargner le spectacle de l’agonie, et le père resta seul près du lit pour fermer les yeux de la morte.


La maladie avait été si longue, que l’enfant s’était habitué à voir souffrir sa mère ; mais, devant les sanglots, qu’on étouffait avec peine, il eut peur, sans savoir de quoi. « Tu pleures, grand’mère, dit-il ; est-ce que mère est plus malade aujourd’hui ?

— Non, mon pauvre petit, cela va mieux, et bientôt elle ne souffrira plus du tout. Elle